Episode 15 - L'avitaillement
- Stéphane Mader
- 2 oct.
- 4 min de lecture
Spéciale dédicace ! Pour la classe 10VP1 de l'EPS de Cugy (établissement primaire et secondaire) et leur professeure Christine Saupagna Isler
1925 - Dans la cuisine des jeunes navigatrices de 1925
En 1925, Bonita n'avait pas de cuisine équipée à son bord, et c’est dans la cabine de l’avant, appelée le poste, qu'elles avaient installé tout leur matériel de cuisine et suspendaient leurs provisions.
Elles avaient embarqué un réchaud en fonte émaillée, qui fonctionnait au pétrole, mais qui devait être démarré à l’alcool à brûler ! Une opération qui n’était pas sans risque, comme l’avait expérimenté à ses dépens Yvonne de Saussure. Elles avaient aussi pris un petit réchaud léger en laiton, pour pouvoir cuisiner sur le pont par temps calme. Les réchauds n'étaient pas montés sur cardan, comme cela se fait aujourd'hui, et la barreuse devait avertir la cuisinière pour éviter de renverser les casseroles lors des changements de bord.
Elles utilisaient de hautes marmites, avec, en guise de couvercle, leur bouilloire, ce qui leur permettait de chauffer de l’eau en même temps que de cuire les aliments. Elles avaient tout de même emporté une petite marmite, type marmite à vapeur, très pratique en cas de mauvais temps, avec son couvercle vissé qui l’empêchait de se renverser, ainsi qu’une poêle, un grille-pain en amiante et une cafetière à percolateur.
L’eau était contenue dans des caisses en bois, doublées en zinc, dans lesquelles elles ajoutaient un peu d’eau de Javel en guise de désinfectant. Le remplissage se faisait à l’aide de dames-jeannes (des grosses bouteilles en verre protégées par un habillage en osier) qu’elles allaient remplir aux fontaines des ports.
Parfois, elles devaient s’en occuper le soir et s’habillaient en garçons pour ne pas être importunées. D’autres fois, il leur fallait effectuer plusieurs aller-retours en youyou si le bateau était ancré.
La vaisselle se faisait sur le pont, dans le seau, qui portait le nom d’un empereur romain en suivant leur dynastie. Avant le départ, plusieurs avaient déjà disparu dans les flots du port de Marseille.

Leur nourriture était plutôt simple. Pour les petits déjeuners ou les goûters, les grosses miches de pain, conservées dans une huche en bois, pouvaient durer une bonne semaine, mais à cause de l’air marin, il fallait griller les tranches pour que le pain reste mangeable. Le beurre était conservé dans un pot en grès rempli d’eau, ce qui évitait qu’il se gâte au contact de l’air, et le tout était agrémenté de confitures, marmelades ou miel.
Sous l’influence d’Ella, elles avaient adopté l’English breakfast, avec du porridge, du lard, des œufs, qui, conditionnés par douzaine en autoclave, pouvaient se conserver longtemps et leur permettaient ainsi de confectionner des crêpes ou des omelettes. La découverte de l’huile d’olive en route fit grincer les palais genevois habitué au beurre ou à d’autres huiles plus neutres.
Les repas principaux étaient composés de conserves de viande, de poisson ou de légumes (haricots, petits pois, carottes) qu’elles mélangeaient à des pommes de terre bouillies ou du riz. Elles avaient aussi pris des farines pour se préparer des potages et beaucoup de cacao non sucré, de thé, de café Banania, de bouillon en cubes, pour les boissons chaudes dont elles remplissaient de grands thermos pour la nuit.
Et, bien sûr, de grosses boîtes de biscuits salés de mer contre le mal de mer, ainsi que des fruits lorsqu’elles en trouvaient et quantités de fruits secs à grignoter !
Carinne Bertola, d’après Marthe Oulié « Quand j’étais matelot » et Ella Maillart « La Vagabonde des mers » ou inédits, carnets de voyage.
2025 - Dans la cuisine des moins jeunes navigatrices 2025 - L'avitaillement
L'organisation de l'avitaillement commence à Marseille au supermarché. Une course contre la montre s'engage pour tout rassembler avant l'heure limite de livraison au ponton. Le résultat est un ticket de caisse de 83 cm de long. Les 72 bouteilles d'1l1/2 d'eau sont plus faciles à organiser que les dames-jeannes de l'époque.


Dans le choix des aliments, sans le savoir, nous sommes proches de ce que les filles ont consommé à l'époque: des repas dans une casserole disponibles durant la navigation, composés de patates, bouillon, lentilles, pois chiches, légumes, etc.
Avel Heol est spacieux et offre de nombreux rangements. Et si vous ne trouvez pas quelque chose, demandez à Yvonne! Ce sera certainement sous son lit dans la cabine avant (le plus grand espace de stockage).


L'espace cuisine équipé est clairement moins dangereux que celui du Bonita:
Comme pour beaucoup d'autres aspects sur le bateau, la technologie a évolué et a apporté plus de confort et de sécurité. Toutefois, les astuces pour être en forme en mer restent les mêmes. Nous nous préparons nos thermos de thé et de bouillon. Divers snacks, fruits secs, biscuits et barres de céréales permettent à chacune de grignoter à son rythme et rester confortable.
Petites nuances... nos péchés mignons modernes: Dragibus, Marsh Mallows et autres cochonneries. Et avouons, nous aimons terminer nos journées avec un planteur ou un bon gin tonic.


Heureux de voir qu’il y a des vues de visiteurs.
Cela veut dire que le site est à nouveau accessible. Quelle tempête on a traversé à terre ….