Episode 16: Aranci

1925: we need bacon

Souhaitant faire escale dans le Nord-Est de la Sardaigne, elles se retrouvent dans la nuit au milieu des 32 navires de l'escadre anglaise en Méditerranée ! Elles arrivent à Aranci vers 2h du matin. Le lendemain, le sirocco s'étant levé, il ne ferait pas bon longer plus en avant la côte.

Elles décident de faire relâche mais le soir la curiosité les pique ! Comment faire pour visiter ces imposants bâtiments anglais ? Un message est lancé : "Nous manquons de bacon". Comme la réponse tarde, le 21 juillet, Bonita part à leur assaut ! Les navigatrices se mettent en panne devant le cuirassé Marlborough et demandent par signaux : "Pouvons-nous visiter ?" La réponse est positive !

Les jeunes femmes sont invitées à bord : bain, souper, danses, toasts les y attendent ! Dans son discours, le commandant constate que cette rencontre est unique dans les annales de la Marine anglaise ! Puis, le lendemain, c'est au tour des sous-mariniers du Lucia de leur rendre visite. Ensuite, des officiers viennent les aider à astiquer leurs cuivres et, le soir, elles sont invitées à dîner sur le destroyer Montrose, où s'improvise encore un bal masqué au son des cornemuses !

Le lendemain, déguisés en tennismen et coiffés de chapeaux maltais, les officiers viennent les aider à finir de repeindre le pont de Bonita ! Après une dernière invitation à dîner à bord du Malborough, des cartes et un sextant pour la capitaine sont offerts en cadeau à l'équipage de Bonita. Et c'est en riant que les Anglais donnent rendez-vous au Gipsy Bonita vers le 15 août en Céphalonie... "Ok girls, see you there ?"

Carinne Bertola d'après Marthe Oulié, Quand j'étais matelot, 1930

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2025: Aranci - we need the Royal Navy!

A chaque voyage ses coups de vent. Les filles ont eu le Sirocco à Aranci et nous avons été coincées à la Maddalena pendant 3 nuits par un fort vent de nord-est.

Départ ce matin des magnifiques îles de la Maddalena que nous avons parcourues en vélo hier.

9h45, branle-bas de combat, les manœuvres de sortie de port battent leur plein. Les catamarans carrés jouent au Tetris dans le port.

Nous forçons le passage pour sortir à notre tour et hélons Angelo pour nous ouvrir la voie. Tel un centaure des temps modernes, il fend les flux du port sur son gommone et happe une plaque de chocolat suisse que nous lui tendons au passage. Il la brandit tel un trophée qui rend fou de jalousie son collègue. Jumpy saute à l'intérieur du bateau pour lui donner également une plaque. Il nous fonce dessus avec son gommone, fait un dérapage contrôlé, chope à son tour tour sa plaque et disparait vers son collègue en le narguant. Au terme de ce rodéo épique, nous nous retrouvons en pyjamas et gilets de sauvetage à prendre notre petit déjeuner en navigant entre les cailloux des différentes îles.

Les filles ont dû à l'époque louvoyer le long de la côte sans moteur. Avantage de la technologie actuelle, nous avons passé 45 min en visioconférence avec la classe 10VP1 de l'EPS de Cugy alors que nous étions en train de batailler avec une mer agitée et pas de vent (mais un moteur). Nos journalistes en herbe ont pu visionner en direct les côtes sardes, visiter notre bateau, ses WC et différents recoins. Nous avons adoré ce moment de partage avec eux.

Encore une grande falaise avant de nous retrouver dans la baie d'Aranci.

But where is the Royal Navy? Notre bacon est périmé et la Royal Navy n'est pas là pour nous ravitailler ou astiquer le pont du bateau. Cependant, la baie est tellement grande que l'on peut s'imaginer toute une flottille de cuirassés autour de nous. Aujourd'hui, les seuls cuirassés du coin sont peints en jaune et ressemblent la nuit à des gros gâteaux d'anniversaires flottants illuminés de dizaines de bougies (ferries).

Et cela tombe bien, car c'est aujourd'hui l'anniversaire de notre Jumpy qui désormais a un mini Jumpy pour l'accompagner chaque jour!

Et le soleil se couche derrière les collines d'Aranci pour notre dernier mouillage. Au bout de 2 semaines, nous sommes dans le flow du voyage. Et comme dirait Alain Linder, un de nos anges gardiens, il n'y a rien de plus beau qu'un équipage qui s'entend bien et vit en harmonie.